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. Tant pis ! une queue est fort agréable pour chasser lesmoustiques. C est possible, Joe ; mais il faut reléguer cela au rang desfables, tout comme les têtes de chiens que le voyageur Brun-Rollet attribuait à certaines peuplades. Des têtes de chiens ? Commode pour aboyer et mêmepour être anthropophage ! Ce qui est malheureusement avéré, c est la férocité de cespeuples, très avides de la chair humaine qu ils recherchent avecpassion. Je demande, dit Joe, qu ils ne se passionnent pas troppour mon individu. Voyez-vous cela ! dit le chasseur. 160   C est ainsi, monsieur Dick.Si jamais je dois être mangédans un moment de disette, je veux que ce soit à votre profit et àcelui de mon maître ! Mais nourrir ces moricauds, fi donc ! j enmourrais de honte ! Eh bien ! mon brave Joe, fit Kennedy, voilà qui est en-tendu, nous comptons sur toi à l occasion. À votre service, messieurs. Joe parle de la sorte, répliqua le docteur, pour que nousprenions soin de lui, en l engraissant bien. Peut-être ! répondit Joe ; l homme est un animal siégoïste ! »Dans l après-midi, le ciel se couvrit d un brouillard chaudqui suintait du sol ; l embrun permettait à peine de distinguerles objets terrestres ; aussi, craignant de se heurter contre quel-que pic imprévu, le docteur donna vers cinq heures le signald arrêt.La nuit se passa sans accident, mais il avait fallu redoublerde vigilance par cette profonde obscurité.La mousson souffla avec une violence extrême pendant lamatinée du lendemain ; le vent s engouffrait dans les cavitésinférieures du ballon ; il agitait violemment l appendice par le-quel pénétraient les tuyaux de dilatation ; on dut les assujettirpar des cordes, manSuvre dont Joe s acquitta fort adroitement.Il constata en même temps que l orifice de l aérostat de-meurait hermétiquement fermé. 161  « Ceci a une double importance pour nous, dit le docteurFergusson ; nous évitons d abord la déperdition d un gaz pré-cieux ; ensuite, nous ne laissons point autour de nous une traî-née inflammable, à laquelle nous finirions par mettre le feu. Ce serait un fâcheux incident de voyage, dit Joe. Est-ce que nous serions précipités à terre ? demandaDick. Précipités, non ! Le gaz brûlerait tranquillement, et nousdescendrions peu à peu.Pareil accident est arrivé à une aéro-naute française, madame Blanchard ; elle mit le feu à son ballonen lançant des pièces d artifice, mais elle ne tomba pas, et ellene se serait pas tuée, sans doute, si sa nacelle ne se fût heurtée àune cheminée, d où elle fut jetée à terre. Espérons que rien de semblable ne nous arrivera, dit lechasseur ; jusqu ici notre traversée ne me paraît pas dange-reuse, et je ne vois pas de raison qui nous empêche d arriver ànotre but. Je n en vois pas non plus, mon cher Dick ; les accidents,d ailleurs, ont toujours été causés par l imprudence des aéro-nautes ou par la mauvaise construction de leurs appareils.Ce-pendant, sur plusieurs milliers d ascensions aérostatiques, onne compte pas vingt accidents ayant causé la mort.En général,ce sont les atterrissements et les départs qui offrent le plus dedangers.Aussi, en pareil cas, ne devons-nous négliger aucuneprécaution. Voici l heure du déjeuner, dit Joe ; nous nous contente-rons de viande conservée et de café, jusqu à ce que M.Kennedyait trouvé moyen de nous régaler d un bon morceau de venai-son.» 162  XXLa bouteille céleste. Les figuiers-palmiers. Les« mammouth trees ». L arbre de guerre. L attelage ailé.Combats de deux peuplades. Massacre. Intervention di-vine.Le vent devenait violent et irrégulier.Le Victoria courait devéritables bordées dans les airs.Rejeté tantôt dans le nord, tan-tôt dans le sud, il ne pouvait rencontrer un souffle constant.« Nous marchons très vite sans avancer beaucoup, ditKennedy, en remarquant les fréquentes oscillations de l aiguilleaimantée. Le Victoria file avec une vitesse d au moins trente lieuesà l heure, dit Samuel Fergusson.Penchez-vous, et voyez commela campagne disparaît rapidement sous nos pieds.Tenez ! cetteforêt a l air de se précipiter au-devant de nous ! La forêt est déjà devenue une clairière, répondit le chas-seur. Et la clairière un village, riposta Joe, quelques instantsplus tard.Voilà-t-il des faces de Nègres assez ébahies ! C est bien naturel, répondit le docteur.Les paysans deFrance, à la première apparition des ballons, ont tiré dessus, lesprenant pour des monstres aériens ; il est donc permis à un Nè-gre du Soudan d ouvrir de grands yeux. 163   Ma foi ! dit Joe, pendant que le Victoria rasait un villageà cent pied du sol, je m en vais leur jeter une bouteille vide, avecvotre permission mon maître ; si elle arrive saine et sauve, ilsl adoreront ; si elle se casse ils se feront des talismans avec lesmorceaux ! »Et, ce disant, il lança une bouteille, qui ne manqua pas dese briser en mille pièces, tandis que les indigènes se précipi-taient dans leurs hutte rondes, en poussant de grands cris.Un peu plus loin, Kennedy s écria :« Regardez donc cet arbre singulier ! il est d une espèce paren haut, et d une autre par en bas. Bon ! fit Joe ; voilà un pays où les arbres poussent les unssur les autres. C est tout simplement un tronc de figuier, répondit ledocteur, sur lequel il s est répandu un peu de terre végétale.Levent un beau jour y a jeté une graine de palmier, et le palmier apoussé comme en plein champ. Une fameuse mode, dit Joe, et que j importerai en Angle-terre ; cela fera bien dans les parcs de Londres ; sans compterque ce serait un moyen de multiplier les arbres à fruit ; on auraitdes jardins en hauteur ; voilà qui sera goûté de tous les petitspropriétaires [ Pobierz caÅ‚ość w formacie PDF ]

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