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.Il y en a partout quantité.— Mais comment t’es-tu procuré cette voiture ?— C’était à l’aube.J’allais prendre mon travail.Je suis boulanger à Paris.J’ai vu un parti d’héroïques sans-culottes qui extirpaient ce ci-devant du carrosse pour le mener à la lanterne la plus proche.Comme on nous a dit que tout est à nous et que mon père a besoin de chevaux pour labourer, je me suis dit que j’allais lui amener ceux-là pour donner du pain au peuple.Je suis des Basses-Alpes.J’ai hâte d’aller m’enrôler.Dès que ces chevaux seront au travail, je m’engagerai.Il avait débité sa tirade d’une seule haleine.Tout était expliqué là-dedans et tout était au mieux de la compréhension de chacun : boulanger ça parlait aux patriotes.« Donner du pain au peuple » était bien la chose qu’ils entendaient le mieux, bien qu’en Dauphiné personne n’eût jamais manqué de pain.Une sourde rumeur d’approbation venue de toute la noce assurait le béjaune de sa protection.On l’invita à boire.On lui fit fête.On le loua de son prochain engagement.Toutefois la livrée marron dont il était vêtu ne plut pas au sergent.— Je ne sais de quelle façon tu t’es procuré cet habit, dit-il, mais tu n’iras pas loin avec ça.Tu as l’air d’un valet.Attends ! Je vais te faire donner un vrai uniforme de patriote !Il tira d’un coffre quelques hardes et une paire de sabots.— Ce sont, dit-il, les dépouilles d’un sans-culotte mort au combat.Elles sont encore souillées de sang séché mais ça te servira pour franchir les corps de garde.Quand le garçon fut costumé en patriote et coiffé du bonnet phrygien, il dit au sergent :— J’ai encore une mission sacrée à remplir.J’ai une lettre d’un de ses amis chers qui vient de mourir à remettre au docteur Gagnon.Le connaissez-vous ?— Le docteur Gagnon ? Nous le connaissons tous ! C’est un ami du genre humain.Il ne fait pas payer les pauvres.Il habite au coin du passage Montorge.Sa maison donne sur le Jardin-de-Ville.Mais tu ne trouveras pas ! Attends, je vais te faire escorter !Et c’est ainsi que la descendante d’une famille qui avait quatre quartiers de noblesse pénétra, à l’intérieur d’un coffre, dans la ville mère de la Révolution.Les trois gardes en uniforme escortaient le carrosse.Juché sur son siège surélevé et costumé en sans-culotte, Colas était un autre homme.Les pavés retentissaient sous le trot solide des percherons.À chaque poste de garde l’escorte montrait le laissez-passer délivré par le sergent.Suivant le cours de l’Isère, l’équipage gagna la place Grenette et s’engagea bruyamment dans le passage Montorge.— Voilà ! C’est ici, dit le chef de l’escorte.Mais c’est un vieil homme et le matin commence à peine.Attendez un peu.Ne le réveillez pas trop tôt !La maison du docteur Gagnon était au bord du Jardin-de-Ville qui sentait la poire mûre tant les espaliers y étaient nombreux.Le docteur, à six heures du matin, avait fait ouvrir les fenêtres et il lisait devant celle de sa chambre.Il venait d’envoyer le fidèle Lambert, son valet, jusqu’au bureau de tabac pour renouveler ses prises.Par-dessus ses bésicles dont il n’avait nul besoin, il reprenait la lecture de son cher Voltaire, dont il ne se rassasiait jamais.Il venait de souligner une phrase qui lui paraissait convenir parfaitement aux tribulations de l’espèce.« Comptez que le monde est un grand naufrage et que la devise des hommes est sauve qui peut.»Le silencieux Lambert venait de tendre au docteur le cornet de tabac à priser qui agrémentait ses réflexions.C’était un homme posé à qui la Révolution ne faisait ni chaud ni froid.Le docteur Gagnon méditait sur les événements comme il avait toute sa vie réfléchi sur l’espèce humaine, avec un peu plus d’amertume toutefois.Depuis que sa fille chérie était morte en couches, il ne faisait plus que lire au lieu de dormir.Il lisait patiemment comme on attend la mort.— Je ne sais ce que c’est, notre maître, dit Lambert, mais il me semble qu’il y a en bas un carrosse à quatre chevaux qui paraît bien attendre.Sur la borne à côté de lui, un sans-culotte somnole.À cet instant une cavalcade effrénée retentit dans l’escalier, la porte s’ouvrit repoussée sans précaution par un enfant de dix ans.— Grand-père ! Grand-père ! Il y a en bas une aristocrate qui dort dans son carrosse !C’était le petit-fils du docteur Gagnon.À son habitude, il venait de franchir en courant – il ne marchait jamais – le passage Montorge.Devant le court jardin de son grand-père, un carrosse à quatre chevaux encombrait la chaussée.Contre la borne de la porte cochère, un sans-culotte à peine plus vieux que lui baissait le nez.Son visage était couvert d’éphélides.— Qu’est-ce que tu fais là ? demanda l’enfant.— J’attends que ma maîtresse s’éveille.— Où est-elle ta maîtresse ?Colas mit un doigt sur ses lèvres.— Dans la voiture, dit-il.Ne fais pas de bruit.Il ouvrit avec précaution la portière du véhicule.Sur les coussins, Sensitive dormait terrassée par la fatigue et son séjour dans le coffre à bagages.À peine paraissait-elle, dans son abandon, plus âgée que ces deux garçons qui la regardaient dormir.Elle était sans défense, un genou sous ses jupons apparaissait.Pudiquement, Colas abaissa les falbalas de sa maîtresse.— Qui est-ce ? demanda l’enfant.— C’est la marquise Pons de Gaussan, dit Colas.Je la ramène chez elle.Il prononçait ces mots avec orgueil.Depuis qu’il avait fait l’amour et qu’il avait charge d’âme, il avait pris son visage d’homme.— C’est une aristocrate ! s’écria l’enfant.Colas secoua la tête.— C’est une pauvre femme, dit-il.L’enfant lui tourna le dos, s’engouffra dans la maison sans refermer la porte et franchit par trois marches à la fois le grand escalier.Colas admirait qu’un garçon pourvu d’un si gros derrière pût être si agile.Cependant le petit-fils du docteur Gagnon désignait le vestibule donnant sur l’escalier d’un doigt péremptoire.— C’est une aristocrate ! accusa-t-il.— Et alors ? dit le docteur Gagnon.Il avait rabattu ses bésicles sur ses yeux pour considérer son descendant avec curiosité.« Combien de temps lui faudra-t-il encore, pensa-t-il, pour considérer qu’un être humain n’est qu’un être humain et non pas une désignation ? »L’enfant était râblé, court sur pattes, doté d’un visage hilare d’adulte un peu bouffi et d’un sourire à lèvres minces qui lui donnait, malgré son âge, l’air sceptique.Le docteur Gagnon dit à mi-voix :— C’est donc elle sans doute [ Pobierz całość w formacie PDF ]

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