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.Ce seraitallumée de la pièce, sur le bureau.triste, alors. Oui, dit Rieux. Je sais, dit Tarrou sans préambule, que je puis parlerIl vit le regard de sa mère se poser sur son front.Il savait tout droit avec vous.que l'inquiétude et le surmenage des dernières journées Rieux approuva en silence.avaient creusé son visage. Dans quinze jours ou un mois, vous ne serez d'au- Ça n'a pas marché, aujourd'hui? dit Mme Rieux.cune utilité ici, vous êtes dépassé par les événements. Oh ! comme d'habitude. C'est vrai, dit Rieux.116117  L'organisation du service sanitaire est mauvaise.La question était posée naturellement et Rieux y répon-Vous manquez d'hommes et de temps.dit naturellement. J'ai trop vécu dans les hôpitaux pour aimer l'idée deRieux reconnut encore que c'était la vérité.punition collective.Mais, vous savez, les chrétiens parlent J'ai appris que la préfecture envisage une sorte dequelquefois ainsi, sans le penser jamais réellement.Ils sontservice civil pour obliger les hommes valides à participer aumeilleurs qu'ils ne paraissent.sauvetage général. Vous pensez pourtant, comme Paneloux, que la peste Vous êtes bien renseigné.Mais le mécontentementa sa bienfaisance, qu'elle ouvre les yeux, qu'elle force àest déjà grand et le préfet hésite.penser ! Pourquoi ne pas demander des volontaires ?Le docteur secoua la tête avec impatience. On l'a fait, mais les résultats ont été maigres. Comme toutes les maladies de ce monde.Mais ce qui On l'a fait par la voie officielle, un peu sans y croire.est vrai des maux de ce monde est vrai aussi de la peste.Ce qui leur manque, c'est l'imagination.Ils ne sont jamais àCela peut servir à grandir quelques-uns.Cependant, quandl'échelle des fléaux.Et les remèdes qu'ils imaginent sont àon voit la misère et la douleur qu'elle apporte, il faut êtrepeine à la hauteur d'un rhume de cerveau.Si nous lesfou, aveugle ou lâche pour se résigner à la peste.laissons faire, ils périront et nous avec eux.Rieux avait à peine élevé le ton.Mais Tarrou fit un geste C'est probable, dit Rieux.Je dois dire qu'ils ontde la main comme pour le calmer.Il souriait.cependant pensé aussi aux prisonniers, pour ce que j'appel- Oui, dit Rieux en haussant les épaules.Mais vous nelerai les gros travaux.m'avez pas répondu.Avez-vous réfléchi ? J'aimerais mieux que ce fût des hommes libres.Tarrou se carra un peu dans son fauteuil et avança la tête Moi aussi.Mais pourquoi, en somme ?dans la lumière. J'ai horreur des condamnations à mort. Croyez-vous en Dieu, docteur?Rieux regarda Tarrou :La question était encore posée naturellement.Mais cette Alors? dit-il.fois, Rieux hésita. Alors, j'ai un plan d'organisation pour des formations Non, mais qu'est-ce que cela veut dire ? Je suis danssanitaires volontaires.Autorisez-moi à m'en occuper etla nuit, et j'essaie d'y voir clair.Il y a longtemps que j'ailaissons l'administration de côté.Du reste, elle est débor-cessé de trouver ça original.dée.J'ai des amis un peu partout et ils feront le premier N'est-ce pas ce qui vous sépare de Paneloux ?noyau.Et naturellement, j'y participerai. Je ne crois pas.Paneloux est un homme d'études.Il Bien entendu, dit Rieux, vous vous doutez quen'a pas vu assez mourir et c'est pourquoi il parle au nomj'accepte avec joie.On a besoin d'être aidé, surtout dans ced'une vérité.Mais le moindre prêtre de campagne quimétier.Je me charge de faire accepter l'idée à la préfec-administre ses paroissiens et qui a entendu la respirationture.Du reste, ils n'ont pas le choix.Mais.d'un mourant pense comme moi.Il soignerait la misèreRieux réfléchit.avant de vouloir en démontrer l'excellence. Mais ce travail peut être mortel, vous le savez bien.Rieux se leva, son visage était maintenant dans l'ombre.Et dans tous les cas, il faut que je vous en avertisse.Avez-  Laissons cela, dit-il, puisque vous ne voulez pasvous bien réfléchi ?répondre.Tarrou le regardait de ses yeux gris.Tarrou sourit sans bouger de son fauteuil. Que pensez-vous du prêche de Paneloux, docteur?  Puis-je répondre par une question ?118119 A son tour le docteur sourit : jamais entendu une femme crier : « Jamais ! » au momentde mourir? Moi, oui.Et je me suis aperçu alors que je Vous aimez le mystère, dit-il.Allons-y. Voilà, dit Tarrou.Pourquoi vous-même montrez- ne pouvais pas m'y habituer.J'étais jeune et mon dégoûtcroyait s'adresser à l'ordre même du monde.Depuis, jevous tant de dévouement puisque vous ne croyez pas enDieu ? Votre réponse m'aidera peut-être à répondre moi- suis devenu plus modeste.Simplement, je ne suis toujourspas habitué à voir mourir.Je ne sais rien de plus.Maismême.après tout.Sans sortir de l'ombre, le docteur dit qu'il avait déjàRieux se tut et se rassit.Il se sentait la bouche sèche.répondu, que s'il croyait en un Dieu tout-puissant, ilcesserait de guérir les hommes, lui laissant alors ce soin. Après tout ? dit doucement Tarrou.Mais que personne au monde, non, pas même Paneloux qui  Après tout., reprit le docteur, et il hésita encore,croyait y croire, ne croyait en un Dieu de cette sorte, regardant Tarrou avec attention, c'est une chose qu'unpuisque personne ne s'abandonnait totalement et qu'en homme comme vous peut comprendre, n'est-ce pas, maiscela du moins, lui, Rieux, croyait être sur le chemin de la puisque l'ordre du monde est réglé par la mort, peut-êtrevérité, en luttant contre la création telle qu'elle était.vaut-il mieux pour Dieu qu'on ne croie pas en lui et qu'onlutte de toutes ses forces contre la mort, sans lever les yeux Ah ! dit Tarrou, c'est donc l'idée que vous vous faitesvers ce ciel où il se tait.de votre métier ? A peu près, répondit le docteur en revenant dans la  Oui, approuva Tarrou, je peux comprendre.Mais voslumière.victoires seront toujours provisoires, voilà tout.Tarrou siffla doucement et le docteur le regarda.Rieux parut s'assombrir. Oui, dit-il, vous vous dites qu'il y faut de l'orgueil. Toujours, je le sais.Ce n'est pas une raison pourMais je n'ai que l'orgueil qu'il faut, croyez-moi.Je ne sais cesser de lutter.pas ce qui m'attend ni ce qui viendra après tout ceci.Pour  Non, ce n'est pas une raison.Mais j'imagine alors cele moment il y a des malades et il faut les guérir.Ensuite, ils que doit être cette peste pour vous.réfléchiront et moi aussi.Mais le plus pressé est de les  Oui, dit Rieux.Une interminable défaite.guérir.Je les défends comme je peux, voilà tout.Tarrou fixa un moment le docteur, puis il se leva etmarcha lourdement vers la porte.Et Rieux le suivit.Il le Contre qui ?Rieux se tourna vers la fenêtre.Il devinait au loin la mer rejoignait déjà quand Tarrou qui semblait regarder à sespieds lui dit :à une condensation plus obscure de l'horizon.Il éprouvaitseulement sa fatigue et luttait en même temps contre un  Qui vous a appris tout cela, docteur?désir soudain et déraisonnable de se livrer un peu plus à cet La réponse vint immédiatement :homme singulier, mais qu'il sentait fraternel. La misère. Je n'en sais rien, Tarrou, je vous jure que je n'en sais Rieux ouvrit la porte de son bureau et, dans le couloir,rien.Quand je suis entré dans ce métier, je l'ai fait dit à Tarrou qu'il descendait aussi, allant voir un de sesabstraitement, en quelque sorte, parce que j'en avais malades dans les faubourgs [ Pobierz caÅ‚ość w formacie PDF ]

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