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.Il n’y avait cependant rien de neuf dans la médina.A l’époque éloignée du Protectorat, le pacha du Maroc tirait l’essentiel de ses revenus des maisons closes, et ses rabatteurs offraient des danseuses de douze ans aux libidineux.Aujourd’hui régnait un pareil dévergondage.Des jeunettes arrivaient de Casablanca par trains entiers pour rejoindre les bandes de gamins qui se proposaient aux Européens entre deux âges, riches et égrillards, et les emmenaient dans les villas de la Palmeraie ou les bars du quartier de l’Hivernage avant de plonger derrière des buissons.Les autorités fermaient d’ordinaire les yeux sur ces pratiques connues, afin de ne point nuire au tourisme qui rapportait.Avant que s’enlisât une procédure contre le trop bavard chevalier de Ferry, une nouvelle polémique faillit le tourmenter.Il donnait ses cours sur les fenestrons de préférence aux amphithéâtres, et plutôt que des polycopiés remettait des livres à ses éditeurs qui les faisaient fleurir pour un public plus large et plus rentable.On s’aperçut ainsi que le chevalier n’avait point professé à l’Université depuis des années, quoiqu’il fût rétribué chaque mois pour quatre mille quatre cent quatre-vingt-dix-neuf euros.Le président de la faculté autonome Paris-Diderot s’en émut et réclama une jolie somme au déserteur.Que croyez-vous qu’il arriva ? Rien.Le duc de Sablé, M.Fillon, dont le chevalier était un ami, paya la facture.Le Conseil d’analyse de la société où le chevalier avait été détaché relevait du Premier des ministres.Les scandales s’enquillèrent au printemps avec constance.La feuilletonesque enquête sur les méfaits de M.de Washington, qui pourrissait la vie quotidienne du Parti social, fut un temps recouverte par les crimes du concombre espagnol.On dénombra dix-huit morts, cinq cents cas graves, deux mille malades qui avaient tous mangé du concombre en salade.Le légume fut sans délai accusé et, ne pouvant lui-même se défendre, il fut traité à l’unanimité de tueur en série.Les marchands durent jeter des bennes entières de cette malsaine cucurbitacée qui véhiculait une bactérie dont la souche n’avait été repérée qu’une seule fois en Corée-du-Sud.Les maraîchers andalous estimaient leurs pertes et protestaient.Un exportateur, un producteur, la ministre de l’Agriculture d’Andalousie croquèrent des rondelles de concombre en direct sur les fenestrons ibériques, mais la méfiance grandissait, les consommateurs boudaient aussi les tomates et les laitues, puis, coup de théâtre, on apprit que toutes les victimes de la bactérie avaient voyagé en Allemagne.Le concombre fut innocenté ; les savants suivirent la piste du germe de haricot qui les mena dans une exploitation biologique de Basse-Saxe : les produits de cette ferme modèle provoquaient des diarrhées sanglantes et tuaient.Alors on parla des graines de soja, de haricots rouges et de tournesol.A Lille, la bactérie frappa un enfant.Misère ! D’autres gloutons dévoreurs de viande hachée surgelée furent contaminés dans le nord de la France et l’un d’eux tomba dans le coma.La bactérie tuait sous toutes sortes de déguisements.Seuls les Chinois nous dépassèrent en mangeaille toxique.Ils produisaient un lait ravageur au nitrate, du riz au cadmium, du vin frelaté, du porc au clenbutérol, du soja au nitrite de sodium et du miel au glucose de riz.Arrosées d’un mélange chimique qui devait augmenter leur taille, des rangées de pastèques explosèrent dans leurs champs comme des bombes.D’autres modèles de bactéries empoisonnèrent le quotidien politique, la bactérie de l’envie, celle de la mauvaise foi et celle de la paranoïa active.M.Copé, duc de Meaux et gouverneur du Parti impérial, s’en prit à quiconque oserait affronter Notre Goulu Tyranneau lors de la Dispute du Trône de l’année à venir.Il inventa que les élections primaires n’était point dans nos mœurs, et pis encore, qu’elles étaient un danger pour nos libertés, puisqu’elles constitueraient un fichier géant de la population : « Vous imaginez les conséquences pour les agents municipaux ou les présidents d’association qui ont des subventions, s’ils ne participent pas à cette parodie d’élection ? » Et de montrer ces réprouvés auxquels un maire ou un député social couperait les vivres
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