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.Mes regards se portèrent vers l'horloge.Il était onze heures du matin.Nous devions être au 28 mars.LeNautilus marchait avec une vitesse effrayante de quarante milles à l'heure.Il se tordait dans les eaux.Où était le capitaine Nemo ? Avait-il succombé ? Ses compagnons étaient-ils morts avec lui ?En ce moment, le manomètre indiqua que nous n'étions plus qu'à vingt pieds de la surface.Un simple champde glace nous séparait de l'atmosphère.Ne pouvait-on le briser ?Peut-être ! En tout cas, le Nautilus allait le tenter.Je sentis, en effet, qu'il prenait une position oblique,abaissant son arrière et relevant son éperon.Une introduction d'eau avait suffi pour rompre son équilibre.Puis, poussé par sa puissante hélice, il attaqua l'ice-field par en dessous comme un formidable bélier.Il lecrevait peu à peu, se retirait, donnait à toute vitesse contre le champ qui se déchirait, et enfin, emporté par unélan suprême, il s'élança sur la surface glacée qu'il écrasa de son poids.Le panneau fut ouvert, on pourrait dire arraché, et l'air pur s'introduisit à flots dans toutes les parties duNautilus.XVII.DU CAP HORN À L'AMAZONEComment étais-je sur la plate-forme, je ne saurais le dire.Peut-être le Canadien m'y avait-il transporté.Mais je respirais, je humais l'air vivifiant de la mer.Mes deux compagnons s'enivraient près de moi de cesfraîches molécules.Les malheureux.trop longtemps privés de nourriture, ne peuvent se jeter inconsidérémentsur les premiers aliments qu'on leur présente.Nous.au contraire, nous n'avions pas à nous modérer, nouspouvions aspirer à pleins poumons les atomes de cette atmosphère, et c'était la brise, la brise elle-même quinous versait cette voluptueuse ivresse !« Ah ! faisait Conseil, que c'est bon, l'oxygène ! Que monsieur ne craigne pas de respirer.Il y en a pourtout le monde.»XVII.DU CAP HORN À L'AMAZONE 106 20000 Lieues sous les mers Part 2Quant à Ned Land, il ne parlait pas, mais il ouvrait des mâchoires à effrayer un requin.Et quelles puissantesaspirations ! Le Canadien « tirait » comme un poêle en pleine combustion.Les forces nous revinrent promptement, et, lorsque je regardai autour de moi, je vis que nous étions seuls surla plate-forme.Aucun homme de l'équipage.Pas même le capitaine Nemo.Les étranges marins duNautilus se contentaient de l'air qui circulait à l'intérieur.Aucun n'était venu se délecter en pleine atmosphère.Les premières paroles que je prononçai furent des paroles de remerciements et de gratitude pour mes deuxcompagnons.Ned et Conseil avaient prolongé mon existence pendant les dernières heures de cette longueagonie.Toute ma reconnaissance ne pouvait payer trop un tel dévouement.« Bon ! monsieur le professeur, me répondit Ned Land, cela ne vaut pas la peine d'en parler ! Quel mériteavons-nous eu à cela ? Aucun.Ce n'était qu'une question d'arithmétique.Votre existence valait plus que lanôtre.Donc il fallait la conserver.Non, Ned, repondis-je, elle ne valait pas plus.Personne n'est supérieur à un homme généreux et bon, et vousl'êtes !C'est bien ! c'est bien ! répétait le Canadien embarrasséEt toi, mon brave Conseil, tu as bien souffert.Mais pas trop, pour tout dire à monsieur.Il me manquait bien quelques gorgées d'air, mais je crois que je m'yserais fait.D'ailleurs, je regardais monsieur qui se pâmait et cela ne me donnait pas la moindre envie derespirer.Cela me coupait, comme on dit, le respir.»Conseil, confus de s'être jeté dans la banalité, n'acheva pas.« Mes amis, répondis-je vivement ému, nous sommes liés les uns aux autres pour jamais, et vous avez surmoi des droits.Dont j'abuserai, riposta le Canadien.Hein ? fit Conseil.Oui, reprit Ned Land, le droit de vous entraîner avec moi, quand je quitterai cet infernal Nautilus.Au fait, dit Conseil, allons-nous du bon côté ?Oui, répondis-je, puisque nous allons du côté du soleil, et ici le soleil, c'est le nord.Sans doute, reprit Ned Land, mais il reste à savoir si nous rallions le Pacifique ou l'Atlantique, c'est-à-direles mers fréquentées ou désertes.»A cela je ne pouvais répondre, et je craignais que le capitaine Nemo ne nous ramenât plutôt vers ce vasteOcéan qui baigne à la fois les côtes de l'Asie et de l'Amérique.Il compléterait ainsi son tour du mondesous-marin, et reviendrait vers ces mers où le Nautilus trouvait la plus entière indépendance.Mais si nousretournions au Pacifique, loin de toute terre habitée, que devenaient les projets de Ned Land ?Nous devions, avant peu, être fixés sur ce point important.Le Nautilus marchait rapidement.Le cercle polairefut bientôt franchi, et le cap mis sur le promontoire de Horn.Nous étions par le travers de la pointeXVII.DU CAP HORN À L'AMAZONE 107 20000 Lieues sous les mers Part 2américaine, le 31 mars, à sept heures du soir.Alors toutes nos souffrances passées étaient oubliées.Le souvenir de cet emprisonnement dans les glacess'effaçait de notre esprit.Nous ne songions qu'à l'avenir.Le capitaine Nemo ne paraissait plus, ni dans lesalon, ni sur la plate-forme.Le point reporté chaque jour sur le planisphère et fait par le second mepermettait de relever la direction exacte du Nautilus.Or, ce soir-là, il devint évident, à ma grandesatisfaction, que nous revenions au nord par la route de l'Atlantique.J'appris au Canadien et à Conseil le résultat de mes observations.« Bonne nouvelle, répondit le Canadien, mais où va le Nautilus ?Je ne saurais le dire, Ned
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